Histoire

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Histoire du Trophée d'Auguste

Vue sur le Trophée et l'inscription monumentale

Sur les hauteurs de la Riviera, le Trophée d’Auguste domine la mer et les montagnes depuis plus de 2 000 ans ! Cette construction monumentale a pourtant traversé bien des épreuves, qui disent son histoire mais aussi celle de son territoire. Prêts à remonter 20 siècles d’histoire ?

Une plongée dans l'Histoire

Un monument hors du commun

Réalisé dans un calcaire local célèbre pour sa qualité, le monument se présentait à l’origine sous la forme d’une base carrée de 38 mètres de côté et 16 mètres de haut. 

Celle-ci portait un étage cylindrique entouré de 24 colonnes encadrant des bustes sculptés, peut-être des lieutenants d’Auguste, qui régna sur l’Empire romain de -27 à 14 de notre ère. 

Au-dessus, le toit conique était constitué de gradins en pierre, surmontés par une statue à l’effigie d’Auguste. 

L’ensemble atteignait une hauteur de 50 mètres, c’est-à-dire l’équivalent d’un immeuble de 15 étages ! 

Sur l’une des faces du soubassement, une inscription gravée mentionnait la dédicace du Sénat et du peuple romain, suivie de la liste des peuples soumis.

Reconstitution du Trophée d'Auguste - Aquarelle de Jean-Claude Golvin
Reconstitution du Trophée d'Auguste - Aquarelle de Jean-Claude Golvin

© Editions Les Belles Lettres

Auguste et la "Pax Romana"

Tout commence lorsqu’entre les années 25 et 14 avant notre ère, Auguste soumet enfin les derniers peuples alpins hostiles à Rome. 

Ceux-ci contrôlaient en effet le sud des Alpes et la côte, contrariant ainsi les échanges entre la péninsule italique et la péninsule ibérique. 

Le commerce, clef de voûte de la puissance de Rome, était ainsi compromis et devait s’appuyer sur la voie Domitienne, qui passait plus au nord.

Une fois ces peuples soumis, en 13/12 avant notre ère, Auguste peut ouvrir un nouvel axe, côtier cette fois : la Via Julia Augusta. 

C’est au sommet de cette voie que le Sénat et le peuple romain dédient au vainqueur le Trophée des Alpes en 7/6 avant notre ère

Le monument est à la fois une affirmation du pouvoir de Rome et une célébration de la paix, la "Pax Romana", essentielle à la stabilité d’un empire qui durera près de 5 siècles.
 

Statue d'Auguste Prima Porta conservée aux Musées du Vatican
Statue d'Auguste "Prima Porta" conservée au Musées du Vatican

© Till Niermann - Musées du Vatican

De l'Antiquité au Second Empire

Une voie romaine étant, comme une autoroute antique, un axe stratégique, la Via Julia Augusta est entretenue et le Trophée également. Les Empereurs Caracalla puis Hadrien réparent la voie et modifient peut-être certains éléments du monument. 

Mais à la fin de l’Antiquité, alors que le pouvoir de Rome décline, le monument fait l’objet des premières dégradations. 

Les moines de l’Abbaye de Lérins attribuent à Honorat, fondateur du monastère, la destruction du Trophée par l’entremise d’un miracle. Peut-être ne s’agit-il toutefois que d’une première opération de désacralisation d’un monument alors considéré comme païen au sein d’un Empire désormais christianisé.

Au Moyen Âge, le monument est déjà très altéré mais la partie cylindrique centrale subsiste. Elle servira de tour de guet lorsque l’ouvrage sera fortifié. 

En effet, dès 1108, apparaît la mention du Castellum Turbié, le château de La Turbie. Autour du Trophée devenu monument médiéval, le village se fortifie et passe tour à tour entre les mains des Comtes de Provence, des Comtes Catalans puis de la Maison d’Anjou avant de dépendre des Ducs de Savoie. 

Le village de La Turbie affronte de nombreux conflits et tombe finalement devant les troupes françaises, pendant la guerre de succession d’Espagne. 

En 1705, Louis XIV ordonne le démantèlement de la place forte et la confie au Prince de Monaco. 

En 1713, Amédée de Savoie recouvre son Comté de Nice et devient roi de Sardaigne en 1720. 

Dès lors, le village de La Turbie passe entre les mains françaises puis sardes à la fin du XVIIIe siècle pour être définitivement rattaché à la France en 1860.

Photo du Trophée d'Augusta par  Jean Gilletta 1856-1933 - Reproduction Philippe Berthé
Le Trophée d'Auguste vers 1910 - photographie de Jean Gilletta (1856-1933)

© Philippe Berthé - Centre des monuments nationaux

Du XIXème siècle à nos jours

Après de premières consolidations, Le Trophée d'Auguste fait l’objet d’un important programme de recherche et de restauration au début du XXe siècle sous la conduite de Jean-Camille Formigé puis de son fils Jules Formigé. 

Les deux architectes interviennent avant le début de la Première Guerre mondiale et dans les années qui suivent, donnant au Trophée d’Auguste l’apparence qu’il a encore aujourd’hui.

Angle Sud Ouest du Trophée d'Auguste
Angle Sud Ouest du Trophée d'Auguste

© Philippe Briano - Centre des monuments nationaux